Jade – Dans le détail

QUELQUES REPÈRES :

Le jade est une famille de minéraux composée en deux branches distinctes aux propriétés différentes mais parfois d’aspect ressemblant, la jadéite et la néphrite. Il se forme sous très haute pression (10.000 atmosphères) mais à une température assez faible pour un minéral (200-300 degrés).

C’est le minéralogiste français Alexis Damour qui a identifié au cour d’études scientifiques menées en 1846 et 1863 deux types de jades : l’un appartenant au groupe des amphiboles qu’il a appelé néphrite, et l’autre, un silicate de sodium-aluminium appartenant aux groupe des pyroxènes, appelé jadéite.

Ces deux minéraux sont donc des agrégats (poly-cristallins et cryptocristallins).

Leurs propriétés physiques sont aussi différentes, la néphrite à une dureté de 6 – 6.5 sur l’échelle de Mohs, alors que la jadéite obtient 6.5 – 7. Quant-à Leur densité elle est de 2.9 – 3.03 pour la néphrite et 3.3 – 3.38 pour la jadéite.

On peut donc retenir que la jadéite est plus dure, et environ 10 pour cent plus lourde que la néphrite.

Bien que de dureté moyenne, ces deux minéraux sont très solides (ils se cassent difficilement) c’est ce qui permet de les sculpter très finement. Parce que la néphrite est plutôt fibreuse elle à un aspect huileux caractéristique, elle est encore plus solide que la jadéite, alors que la jadéite, granuleuse, peut être polie de façon quasi parfaite.

Le jade jadéite existe de toutes les couleurs sans exception, alors que la néphrite revêt un nombre limité de teintes.

On trouve du jade jadéite en Amérique centrale, Russie, Japon et quelques autres pays mais la seule jadéite largement commercialisée, mondialement connue et prisée, vient du Myanmar (Birmanie) de ses régions au nord de Mandalay.

Questions et réponses :

Qu’est-ce que le jade impérial ?

C’est de la jadéite vert émeraude et transparente. Par extension certain vendeurs appellent parfois jade impérial tout jade transparent, c’est une erreur. Sa couleur verte intense vient de la présence de chrome.

Il y a-t-il du Vrai/Faux jade ?

Il n’existe pas de vrai ou de faux jade. Il y a de la néphrite ou de la jadéite et du jade traité. Certains minéraux peuvent ressembler aux jades : la serpentine, le quartz mousse, l’aventurine, la chrysoprase, la saussurite…

Qu’appelle-t-on le jade Chinois ?

Néphrite. Il n’y a pas de mine de jade jadéite en Chine. La quasi-totalité des grandes sculptures (montagnes, bateaux, personnages…) en présentation dans les magasins chinois sont en néphrite. Elle est très abondante et bon marché en Chine. Par contre la Chine importe une très grande quantité de jadéite birmane, très souvent trop onéreuse pour en faire d’immenses sculptures. Les chinois vouent un véritable culte pour la jadéite, qu’ils se transmettent de générations en générations. Synonyme de longévité (car très solide) la jadéite est souvent sculptée pour représenter des symboles de la mythologie bouddhiste.

Jade traité : qu’est que c’est ?

On ne traite pas la néphrite trop peu chère, c’est donc la jadéite plus précieuse qui fait l’objet de traitements variés pour en augmenter sa valeur marchande. Il y a plusieurs types de traitements :

  • La décoloration par trempage dans un bain d’acide bouillonnant. Ce bain va aussi enlever les impuretés et permettre la prochaine étape, l’imprégnation de résine pour consolider la pièce en jadéite. On appelle la jadéite ayant subi ce traitement du jade ‘type B’.
  • Si la jadéite est teintée de quelque façon que ce soit alors c’est du jade ‘type C’.
  • Si le jade à subi les deux traitements alors c’est du jade ‘type B+C’.
  • La jadéite peut être aussi simplement chauffée (à 250-400 degrés) pour obtenir un changement de couleur rouge-brun. Ce traitement est peu couteux mais difficile à maitriser, il est non destructeur et irréversible. Il tente de reproduire l’effet naturel d’une transformation géologique.
  • Il est courant et souvent accepté que la jadéite soit simplement ‘cirée’ pour lui donnée un aspect brillant et de fait, améliorer son ‘poli’.
  • Une jadéite non traitée est appelée jade ‘type A’.

Comment détecter les traitements ?

Avec beaucoup d’expérience et une bonne loupe! En fait cela va dépendre directement de la qualité du traitement dont a subit le minéral.

Un ‘bon’ traitement type B ou B+C est quasiment indétectable à l’œil nu ou même aidé d’une loupe. Il va nécessiter une analyse à l’aide d’un spectroscope à infrarouge à Transformé de Fourier (FTIR) que seuls les grands laboratoires de gemmologie possèdent. C’est l’outil de choix pour détecter la moindre trace de résine. Cependant dans certain cas, un gemmologue expérimenté pourra, en étudiant la surface, soupçonner la présence de résine.

Si la jadéite est simplement teintée ‘type C’ alors un microscope binoculaire sera nécessaire, parfois la loupe suffira pour détecter l’accumulation de colorant dans les cracks/petites fissures. Le problème est qu’une toute petite partie du jade peut-être teintée.

D’autres outils sont à la disposition des gemmologues pour détecter les traitements de la jadéite sur le terrain, mais leurs conclusions sont souvent incertaines.

Comment évaluer la jadéite ?

C’est un vrai métier! Un livre entier pourrait être écrit sur ce thème. La jadeite lilas (ou lavande) est très recherchée tout comme le très rare jade jadéite bleu. Dans le vert, l’idéal étant la couleur émeraude absolument transparente. Pour les sculptures, la finesse de gravure et sa qualité rentre en ligne de compte. Je dirais tout simplement : un bon équilibre entre couleur et transparence est un bon point de repère. Ainsi, un jade jadéite sans couleur, transparent comme du verre, aura une valeur supérieure à un jade vert terne et opaque…